par André Zouré, Maire de Garango, ville natale de Monique
 
     
Monique, une femme au cœur d’or que j’ai 
côtoyée et appréciée depuis ses
origines paysannes, très modeste, que rien ne prédestinait à un avenir 
plein de
félicité et pourtant!
Mariée, Dieu merci, à un instituteur, ils ont 
évolué loin des conforts douillets
des quelques rares métropoles des années 60 à 90, Monique a vite compris
qu’elle avait une mission humanitaire à accomplir autour d’elle pour
transformer les mentalités rétrogrades d’antan, notamment la condition 
de ses
consoeurs des milieux ruraux.
Ainsi donc, Monique, sans doute grâce à la 
tolérance de son mari, a
démarré, dans les années 70, une mission titanique d’encadrement de ses 
sœurs
de Zoaga d’abord, Zabré ensuite. D’associations en groupements, elle a 
réussi
avec ses qualités exceptionnelles de femme battante à braver les 
préjugés, oh!
combien tenaces et négatifs d’une société qui ne concevait pas la femme 
en
dehors du foyer. C’est justement en partant de cette conception 
anachronique et
négativiste qu’elle a pris le contre-pied de ses détracteurs pour 
baptiser son
œuvre en l’appelant «Pag la yiri»*  (la femme
c’est le foyer). C’est comme pour dire qu’elle n’était nullement en
porte-à-faux avec les traditions, mais que c’est cette notion 
absolutiste de la
femme maintenue dans l’obscurité et l’obscurantisme qu’elle voulait 
plutôt
effacer du comportement des hommes.
Aussi, en développant 
le rôle social et économique qu’une femme formée
et éduquée peut jouer en faveur de l’émancipation de la cellule 
familiale
d’abord, puis de la société entière, Monique, petit à petit, avec 
ténacité et
patience, a acquis la confiance des uns et des autres et a, au fur et à 
mesure
emporter l’adhésion des plus sceptiques;
 et le rayonnement des résultats obtenus
grâce aux divers projets que ses nombreux partenaires ont appuyés, a 
fait le
reste.
 Au
fil des ans, Monique s’est révélée un stratège en matière de 
développement
participatif et une visionnaire de son temps, aidée en cela, il est 
vrai, par
un réseau relationnel riche tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du 
Burkina
Faso, au sein duquel viennent en première ligne, les prêtres de Zabré, 
Mme «Scho»
(Scholastique Kompaoré) comme elle aimait à l’appeler, sans oublier Mme 
Nignan
Marie, qui furent ses meilleures conseillères et guides jusqu’à son 
dernier
souffle.
Aujourd’hui, 10 ans après sa disparition, il est 
loisible de lui rendre
hommage à travers quelques témoignages en guise de devoir de 
reconnaissance
car, faut-il l’occulter? Monique est tombée les armes à la main, oui les
 armes
à la main puisque c’est lors de ses multiples missions à l’étranger que 
s’est
accentué le mal qui la rongeait malicieusement et silencieusement, elle 
qui n’y
accordait pas de l’importance tant elle s’était vouée à sa mission 
sacerdotale.
C’est donc malgré les efforts de la médecine et le 
soutien de tant de
parents et d’amis que Monique a quitté prématurément ce monde laissant 
derrière
elle ce vaste chantier inachevé et surtout ses nombreux enfants éplorés à
 qui
elle a légué son image de bonne mère exemplaire, qui ne s’est jamais 
dérobée à
ses devoirs maternels malgré le surcroît de travail qui l’absorbait
constamment.
Seul le ciel peut être 
sa récompense.
    
 *
Note des Editeurs : Chez les Mossi, "Pag la yiri" est une idée de
base. Par ailleurs, le Projet Unesco intitulé "Egalité d'accès des 
femmes
et des jeunes fille à l'education" était reconnu partout sous 
l'appelation
de "Pag la yiri."
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