"My dream is to be President of the World!" wrote an eleven year old girl, Zaliatou Zibaré from Boala in Burkina Faso. International Women's Day is an important occasion to highlight women at the grassroots gaining a voice.
Boala is one of the remote villages reached by the Project for Equal Access of Women to Education, launched in the 1970s by UNESCO, the United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization. Burkina had very low literacy rates, especially among rural women.
Local sociologists insisted that to reach women, the project had first to reduce the time and energy women spent hauling water, fetching wood and pounding millet, usually with their little daughters in tow. Time-budget studies revealed that women had only about an hour of free time a day.
Young girls aged seven to fifteen worked an average of eight hours daily, twice as much as their boy cohorts. Desperate for their help, women hesitated to send their daughters to school.
The UNESCO teams introduced workload-lightening technologies such as water pumps that eliminated the need for women and girls to plod miles for water, millet grinding mills that replaced tedious hand grinding, and donkey carts that substituted for hauling heavy loads on their heads. Functional literacy activities conveyed health advice and tips on hygiene, such as how to filter swamp water, that dramatically lowered infant mortality.
Practical training boosted women's confidence, knowledge and group solidarity. As a result, remarkable transformations occurred in small village courtyards.
Decades ago, during all-village caucuses, women were almost invisible. At best, one or two would peek out from behind the baobab trees. Now, women are at the forefront of forging change.
Two months ago in Boala, women jumped into an open-air all-village debate. In front of chiefs, men and boys, they raised issues that used to be taboo such as the HIV/AIDS threat to the community, and vocally condemned female genital mutilation. They gained a voice in deciding community priorities, such as rebuilding their local midwives' birth clinic. Women still toil long hours, but now for their own cash account.
Today the Government of Burkina invests over 22% of the national budget into education, well above the all-Africa average. While female literacy remains low at around 9 %, girls' enrollments in primary school nearly match those of boys. Villagers in Boala are proud to broadcast that girls attend school alongside boys, and that in all but one grade girls are at the top of their classes.
According to Mme Scholastique Kompaoré who led the Women's Education Project, "Contemporary women can allow their erstwhile child-helpers to go to school. Education in turn empowers girls to take an active part in household and community decision-making, and prepares them to be leaders."
At the grassroots of the African continent, young Zaliatou and her outspoken mother and aunts personify the outcome of a quiet revolution.
These empowered women make their own decisions.
And the girls dare to dream.
Zaliatou has sketched herself in stiletto heels, ready to preside over the world.
Source: Dr. Brenda Gael McSweeney, who lived in a courtyard in Burkina's capital, Ouagadougou, while working for the United Nations Development Programme for seven years in the seventies. She is now a Visiting Scholar at the Women's Studies Research Center, Brandeis University. Co-author: Ms. Jennifer Hilda Frisanco, who is a dual national from France and Switzerland. She is currently focusing on "International and Global Studies" at Brandeis University.
Cliquez en bas pour la version française (Mars 2006):
Les femmes font entendre leur voix au niveau local
«Mon rêve, c'est d'être Présidente du monde !»: voilà ce qu'a écrit une fillette de onze ans, Zaliatou Zibaré originaire de Boala, au Burkina Faso, à l'occasion de la Journée internationale de la femme, moment privilégié pour montrer comment les femmes font entendre leur voix au niveau local.
Boala est l'un des villages écartés qui bénéficient du Projet pour l'égalité d'accès des femmes à l'éducation, lancé dans les années 70 par l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO). Le Burkina avait des taux d'alphabétisation très faibles, surtout chez les femmes en milieu rural.
Les sociologues de terrain soutenaient que pour que ce projet puisse toucher les femmes, il fallait d'abord faire en sorte que celles-ci consacrent moins de temps et d'énergie à charrier l'eau et le bois et à piler le millet, le plus souvent accompagnées de leurs fillettes. Les études de budget-temps montraient que les femmes disposaient seulement d'environ une heure de temps libre par jour. Les fillettes âgées de 7 à 15 ans travaillaient en moyenne huit heures par jour, soit deux fois plus que les garçons dans la même tranche d'âge. Ne pouvant se passer de leur aide, les femmes hésitaient à envoyer leurs filles à l'école.
Les équipes de l'UNESCO ont introduit des technologies visant à alléger la charge de travail des femmes : l'installation de pompes à eau leur a évité d'avoir à parcourir des kilomètres pour aller chercher de l'eau, le fastidieux travail à la main pour piler le millet a été remplacé par des moulins et, au lieu de transporter de lourds fardeaux sur la tête, elles ont utilisé des charrettes à âne. Parallèlement, les informations sur la santé et les conseils pratiques en matière d'hygiène – comment filtrer l'eau des marécages, par exemple – dispensés dans le cadre des activités d'alphabétisation fonctionnelle ont contribué à faire chuter les taux de mortalité infantile de façon spectaculaire.
Grâce à cette formation concrète, les femmes ont pris plus d'assurance, leur niveau de connaissances s'est amélioré et elles ont développé une plus grande solidarité. Il en est résulté des changements remarquables dans la vie des hameaux.
Il y a plus d'une vingtaine d'années, lors des assemblées de village, les femmes étaient pratiquement invisibles. Au mieux, une ou deux d'entre elles observaient prudemment la scène, cachées derrière les baobabs. Aujourd'hui, les femmes sont à la pointe du changement.
Il y a deux mois, à Boala, les femmes sont intervenues dans un débat en plein air réunissant tout le village. Devant les chefs, les hommes et les garçons, elles n'ont pas hésité à aborder des sujets autrefois tabou, comme celui de la menace que le VIH/sida représente pour la collectivité, et elles ont condamné la pratique des mutilations génitales féminines. Elles ont eu leur mot à dire au moment de décider des priorités de la communauté, insistant par exemple sur la nécessité de reconstruire le dispensaire où officient les sages femmes. Certes, les femmes effectuent encore de longues heures de labeur mais, maintenant, c'est pour gagner un revenu qui leur appartient.
Aujourd'hui, le Gouvernement du Burkina consacre plus de 20% du budget national à l'éducation, un pourcentage bien supérieur à la moyenne du continent africain. Le taux d'alphabétisation des femmes demeure bas – aux alentours de 9% - mais les taux de scolarisation des filles dans le primaire sont pratiquement les mêmes que ceux des garçons. A Boala, les villageois sont fiers de proclamer que les filles vont en classe avec les garçons et que, dans tous les niveaux sauf un, elles sont en tête de la classe.
Selon Mme Scholastique Kompaoré, qui dirigeait le projet pour l'éducation des femmes, « aujourd'hui, l'aide de leurs filles n'étant plus indispensable, les mères peuvent les laisser aller à l'école. L'éducation que reçoivent les filles leur permet ainsi de s'impliquer activement dans la vie du foyer et dans la prise de décision à l'échelon communautaire, et les prépare à assumer des responsabilités. »
La jeune Zaliatou , ainsi que sa mère et ses tantes avec leur franc parler incarnent une révolution qui s'opère en douceur à la base, à l'échelle du continent africain.
Grâce à l'autonomie qu'elles ont acquise, ces femmes sont en mesure de décider pour elles-mêmes. Et les filles osent rêver.
Zaliatou s'est dessinée juchée sur des talons aiguilles, prête à présider aux destinées du monde.
Source: Mme Brenda Gael McSweeney, qui a travaillé pendant sept ans, dans les années 70, pour le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) au Burkina et vécu dans un quartier populaire de Ouagadougou, la capitale. Elle est actuellement chercheuse invitée au Women's Studies Research Center de l'Université Brandeis. Co-auteur : Mme Jennifer Hilda Frisanco, qui a la double nationalité française et suisse et centre actuellement ses recherches sur les « Etudes internationales et mondiales » dans cette même université.